Isa Melsheimer et Alfredo Barbini
L’artiste berlinoise Isa Melsheimer (née en 1968) élabore depuis plusieurs années une œuvre complexe qui met en question les interactions entre l’humanité et le monde végétal et animal, en explorant les expressions architecturales et environnementales de ces interactions.
Puisant dans l’histoire de l’architecture et de l’urbanisme des références allant de l’utopie urbaine de Le Corbusier aux réflexions du mouvement métaboliste en passant par les constructions abandonnées, elle réalise notamment des sculptures qui mêlent béton, céramique et verre pour former des architectures miniatures où la matière inerte des matériaux de construction se trouve envahie, parasitée, phagocytée par des formes de vie primaires ou des végétaux qui semblent reprendre leur droit sur ces bâtiments. A la manière des récits de science-fiction qui inspirent également l’artiste, ces sculptures nous offrent une vision inquiétante de l’avenir où se pose la question de notre durabilité, de notre survie à l’ère du capitalisme et de la fin des utopies.
Parallèlement à ce travail sculpté, Isa Melsheimer élabore des œuvres à base de textiles, des mondes botaniques s’épanouissant dans des boites en verre, mais aussi des dessins à la gouache qui poursuivent cette réflexion sur l’interaction métabolique entre nature et humanité.
La vitrine de la galerie accueille une sélection de dessins représentant des édifices modernistes désertés, autour desquels errent parfois des animaux sauvages. Des représentations qui nous invitent à réfléchir sans didactisme sur notre rapport à l’espace habitable, la place que nous y occupons et celle que nous laissons au reste du vivant. Ils voisinent avec des céramiques emmaillées issues de la série Bacteria, petits objets ayant la forme de masses buboniques qui évoquent des organismes infectés par un virus.
Ces œuvres sont exposées au côté d’un ensemble de vases cubiques du maitre verrier Alfredo Barbini (1912-2007), technicien hors pair et designer inspiré, grande figure du Murano d’après-guerre, deux fois récompensé à la biennale de Venise pour ses sculptures en verre, ainsi que d’une lampe imaginée par le designer italien Paolo Tilche (1925-2003) à partir de ce vase cubique emblématique. Ces pièces de design sont proposées en collaboration avec la galerie Compasso de Milan.