Laura Lamiel et Franz Erhard Walther
Artiste française majeure, Laura Lamiel (née en 1948) a bâti au fil des décennies une identité artistique tout à fait singulière, nourrie par la psychanalyse et par une certaine cosmologie spirituelle. Après avoir consacré les premières années de sa réflexion plastique à la peinture, l’artiste a développé à partir des années 1990 des installations qui se présentent sous forme d’espaces délimités – les cellules – à l’intérieur desquels elle agence des meubles, des objets trouvés, des documents, des accessoires personnels. Elle crée ainsi des univers intimes et énigmatiques au seuil desquels le spectateur est invité à se tenir. Ce dispositif, Laura Lamiel n’a eu de cesse d’en explorer les possibilités. Aux espaces faits d’émail blanc et de surfaces métalliques immaculées sont venus s’ajouter des tables de travail, des cellules ouvertes dans le sol, des miroirs sans tain, des jeux de lumière toujours plus complexes, tandis que s’est amplifiée la charge biographique et affective des matériaux entrant dans la composition de ces installations.
La galerie Abraham&Wolff propose d’explorer une autre facette de cette œuvre exigeante en exposant avec la collaboration de la galerie Marcelle Alix une série de dessins de l’artiste. Ces dessins, Laura Lamiel les décrit comme une expression spontanée trouvant son origine dans les éléments fondamentaux de son travail. Loin de constituer une pratique parallèle, ils font partie intégrante de certaines installations où ils sont mis en tension avec d’autres objets. Elle y élabore un vocabulaire impulsif constitué de langues, de rhizomes, de poumons, d’yeux ou de têtes qui expriment un certain rapport à la violence et à soi.
En témoigne cette œuvre, représentant une main, réalisée à l’encre de chine rouge, issue de la série Territoires intimes. Elle sera exposée au côté d’un dessin plus conceptuel intitulé 3 ans, 3 mois, 3 jours, qui repose sur l’hypothèse d’un univers construit par des sons méditatifs. Deux approches représentatives d’une œuvre qui se veut sensible et mentale à la fois.
Ces dessins seront mis en regard de l’Element n°7 de 1. Werksatz intitulé Feld und Teilung (Champ et Division), de l’artiste allemand Franz Erhard Walther (né en 1939).